On pourrait me qualifier de personne aussi gentille qu'entière.
Cette double personnalité entraîne deux dérives : je ressens et je m'investis trop et je me braque et envoie les gens à la gare quand j'estime qu'une injustice est commise ou qu'un comportement dépasse les bornes.
Pour une grande timide solitaire telle que moi, c'est en fait une belle victoire. Cela me permet de crever les abscès et de faire savoir à mon entourage le fond de ma pensée, en particulier dans des situations endémiques où ma propension à chercher les solutions plutôt que les problèmes font de moi la bonne poire à qui on laisse souvent prendre les choses en main.
Mon émotivité est inversement proportionnelle à ma capacité à laisser des situations irrésolues. Cela fait de moi une personne utile, soutenante et facilitante, mais aussi surmenée, sensible aux humeurs et à l'agressivité, et surtout irascible. J'ignore si ma colère m'a autant aidée qu'elle m'a nui, mais elle me permet de m'exprimer là où je gardais toujours tout pour moi, embourbée dans des relations affectives où je subissais les humeurs et les états d'âme d'autrui.
Ma colère est constructive et dérangeante. Elle a toujours son petit effet, en particulier venant d'une femme, mais elle peut devenir difficilement maîtrisable. La question qui se pose est la suivante : pourquoi me priver de quelque chose qui m'émancipe et me protège, sous l'unique prétexte que cela surprend et met mal à l'aise?
Pourquoi me contraindre à demeurer d'un calme olympien face aux excès verbaux et comportementaux d'autrui, alors qu'une manifestation claire et mesurée de ma colère signifie clairement l'abus (objectif) commis et la nécessité d'y mettre fin? En bref, pourquoi ne pas m'énerver un bon petit coup si ça rabat des caquets et expose l'incongruence de certaines situations?
J'ignore pourquoi on intime toujours aux femmes de rester calmes et de ne pas s'énerver : la colère est pourtant un outil bien utile dont les hommes usent et abusent en permanence.
Et qui fonctionne très bien.
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