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  • Photo du rédacteurValérie Gillet

Le sens de la famille



C'était le joyeux bordel comme d'hab.


C'était ce Noël juste avant le Covid, avant qu'on ne comprenne vraiment la chance qu'on avait eue de pouvoir tout simplement être tous ensemble dans la même pièce.


Ceux qui s'adorent. Ceux qui s'apprécient. Ceux qui s'énervent. Ceux qui se tolèrent. Ceux qui s'insupportent. Ceux qui ne sont pas d'accord mais qui font semblant parce qu'ils s'aiment bien. Ceux qui ne se comprendront jamais.


Les jeunes parents ont râlé parce qu'une salle, c'est pas pratique avec les petits.


Les vieux jeunes parents plus aguerris ont stoïquement ouvert leur lit parapluie dans un coin pour le bébé et jeté les matelas au sol pour les minis.


Les (pré)ados ont probablement tenté de goûter au bon vin de Tonton Mounit en scred.


Les grands ont beaucoup trop bu, mangé, ri à gorge déployée. Fait de bêtes blagues sur les benjamins, que les vieux jeunes parents ont apaisées d'un clin d'oeil complice et d'un haussement d'épaules.


Les gamins ont couru partout en arrachant les emballages de cadeaux qu'ils ont à peine regardés.


Ça a parlé wallon.


Lalie a acheté 3kg de fromage parce qu'on lui a dit de s'occuper du fromage et que, bon, c'est Lalie, quoi.


Vers 3h du matin, les parents adulescents se sont arrachés au dancefloor et à la playlist Spotify de Dédic et Bebe, délicieusement hétéroclite comme nous, entre Mozart, Kraftwerk, Dalida, Queen, Bowie, House of Pain et Marc Aryan (car Tonton Marc lui ressemblait jeune).


Ma est restée sur le dancefloor perchée sur ses Louboutin.


On a imité la voix rauque et voilée de fumeuse de Tante Vinciane, notre Jeanne Moreau à nous.


Les cousins sont partis dans de grands rires mi-virils mi-puérils de cousins.


Tonton Loli a fait le 86e jeu de mots de la soirée que personne n'a compris (parce que c'est un nerd).


C'était Noël et c'était le bordel comme chaque année.


On avait déjà perdu des gens et gagné d'autres. Il y aurait encore des forfaits et des ruptures, des naissances et, comme il y a quelques semaines, des décès.


Une famille tentaculaire, c'est à la fois la plus grande bénédiction et la pire malédiction qui soient : les joies y sont aussi immenses que les chagrins.

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