Avant-hier, j'ai recroisé au détour d'un concert un très ancien amoureux que je n'avais plus vu depuis plus de 20 ans.
Outre la relative gênance de se retrouver abruptement nez-à-nez avec quelqu'un alors qu'on a 20 ans et 20 kilos en plus, je suis toujours mal à l'aise face à lui car je n'ai pas été à mon top comportemental lorsque nous étions ensemble.
C'est la seule personne à laquelle j'ai été infidèle et avec laquelle j'ai dans la foulée rompu... par téléphone.
De l'eau a coulé sous les ponts, me direz-vous. On s'en fiche. Ben moi pas.
Ça fait presque 30 ans que je me sens coupable de cet épisode. À chaque fois que je le croise, car nos mariages respectifs et cette rupture que je lui ai fait subir aidant, nous avons fini par ne plus du tout nous fréquenter, je me transforme en moulin à parole faussement enjoué.
Tout cela me rappelle que récemment, fièrement drapée dans mon rôle de femme bafouée, j'ai moi-même expliqué à un autre amoureux beaucoup moins ancien qu'il m'avait causé tant de tort et de chagrin en me traitant comme sa poubelle que je ne préférais plus avoir de contacts avec lui.
Mais on a beau se complaire dans le rôle de la gentille victime malmenée par les hommes, personne n'est exempt de se comporter comme la dernière des crapules avec des gens qui nous sont chers.
La vie n'a pas manqué de me le rappeler cette semaine, me suggérant de redescendre de mes grands chevaux de femme exemplaire.
Au diable les grand discours sur l'incapacité des autres à agir comme des êtres humains décents : c'est bien fait pour nous si, comme moi et ce gentil garçon qui ne m'a jamais fait aucun mal, on perd des gens à cause de nos propres comportements problématiques... qu'il faudrait confronter avant de pointer les autres du doigt.
La paille, la poutre, tout ça.
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